Cercle marxiste
Invitation au Cercle de lecture
Bonjour camarades,
Nous sommes un petit groupe de communistes révolutionnaires basés à Montréal. Nous souhaitons ardemment mettre sur pied des cercles de lectures ouverts à toutEs les travailleurs et travailleuses et à tous les membres d'organisations se réclamant du marxisme.
Les principaux buts que nous désirons atteindre avec ces cercles de lecture sont :
- L'élévation du niveau de conscience de classe des participantEs; Nous voulons rejoindre le plus de travailleurs et travailleuses possible afin de hausser le niveau de conscience de classe du prolétariat québécois.
- Favoriser le dialogue entre les nombreuses tendances se réclamant du marxisme; Nous sommes pleinement conscientEs que les divergences entre les tendances se réclamant du marxisme ont des causes historiques, sociales et théoriques intelligibles. Cependant, nous considérons que la discussion est nécessaire afin de dépasser les anciennes querelles et cheminer vers une nouvelle organisation de masse des travailleurs et travailleuses communistes révolutionnaires.
- À long terme, si le travail des cercles de lecture est concluant, créer une organisation unitaire de toutEs les travailleurs et travailleuses communistes ; En effet, seule l'existence d'une organisation de masse des travailleurs et travailleuses révolutionnaires permettra la victoire de
Nous vous invitons donc à participer à notre premier cercle de lecture qui portera sur :
« L'unité est- il possible? : perspectives du mouvement communiste.»
La rencontre se fera le 24 avril à 18h00, le lieu reste à déterminer selon le nombre de participantEs. Vous pouvez confirmer votre présence ou votre intérêt pour les futures discussions via l'adresse : «cercledelecture.cdl@gmail.com»
Nous vous proposons de produire à titre individuel un texte sur la thématique. La date limite pour faire un texte est le 17 avril afin de permettre à tous les participantEs de les lire avant la rencontre. Nous vous enverrons au fur et à mesure les textes produits.
Texte du camarade Antoine Forcier
L’expérience du mouvement ouvrier au Québec
Le mouvement ouvrier au Québec a certes connu ses heures de gloire. Depuis l’essor du prolétariat au Québec, de nombreuses luttes ouvrières ont marqué l’Histoire en générale tout autant que l’expérience du mouvement ouvrier plus particulièrement, c’est-à-dire le bilan que tire la classe ouvrière de ses luttes antérieurs pour le transposer dans sa pratique lors de ses futures luttes. Sans dresser une liste d’épicerie des événements marquants, ce qui n’est en aucun cas utile ici, nous devons souligner le fait d’une haute importance que les luttes ouvrières des ouvriers et des ouvrières du Québec ont à chaque fois démontrer au niveau quelconque de conscience de classe.
Selon le schéma plutôt vulgaire mais utile à notre explication, la conscience de classe du prolétariat passe par trois étapes dans son élaboration. Premièrement, le prolétariat comprend son opposition en tant que classe qui a des intérêts communs face aux patrons. Ce niveau de conscience se développe à travers la lutte économique, c’est-à-dire la lutte pour de meilleures conditions de travail et de vie. En gros, c’est le syndicalisme, un moyen de lutte primitif. Ensuite, le prolétariat prend conscience du fait que la lutte économique ne peut qu’apporter des gains partiels et fragiles puisque le pouvoir politique de la société est dans les mains exclusives des patrons. Les victoires dans la sphère économique sont donc toujours remises en cause par la sphère politique. Le prolétariat comprend alors qu’il doit absolument lutter aussi dans la sphère politique, en fondant sa propre organisation politique de classe qui luttera pour des objectifs à long terme. Déjà là, le prolétariat montre un niveau de conscience de classe beaucoup plus développé. Ainsi, il est en mesure, à l’aide de son organisation politique, de prendre le pouvoir à son compte et de transformer la société selon ses intérêts, c’est-à-dire la transformer en société communiste.
Le problème avec le mouvement ouvrier de Québec, c’est que malgré toutes les grandes luttes qu’il a pu faire durant plus de 150 ans, le prolétariat n’a jamais dépassé le stade de l’organisation défensive dans la sphère économique, en d’autres mots, il n’a jamais dépassé le syndicalisme. Il y a eu bien sûr plusieurs tentatives de création d’organisations politiques de la classe ouvrière. Mais celles-ci ont à peu près toutes échoué de manière plus ou moins lamentable.
Si le mouvement ouvrier n’a jamais su créer sa propre organisation politique, c’est sans surprise à cause qu’il n’a pas su se sortir du carcan nationaliste que sa bourgeoisie nationale lui imposait. Il est révélateur de souligner que beaucoup de tentatives de création d’organisations politiques ont échoué à cause de querelles sur la question nationale.
Bref, il y a une tradition combative pour ce qui est du syndicalisme au Québec. Mais, quant aux organisations politiques, c’est le néant. Nous ne voulons en aucun cas diminuer l’importance des anciennes et actuelles organisations se réclamant du mouvement ouvrier. Seulement, aucune d’entre elles sont ou ont été de réels mouvements de masse. L’expérience du mouvement ouvrier au Québec doit donc faire avec ces éléments, ce qui influence grandement notre situation actuelle.
La situation actuelle du mouvement ouvrier
Le mouvement ouvrier de Québec actuel compose à la fois avec une tradition syndicale combative, mais aussi avec une tradition d’apolitisme et de nationalisme. Cela démontre en fait que la classe ouvrière québécoise n’a jamais atteint un niveau de conscience de classe très élevé (restreint au syndicalisme, donc primitive).
Aujourd’hui, on peut dire sans trop de gêne que le prolétariat québécois n’a tout simplement pas ou très peu conscience de lui-même en tant que classe sociale. Cela n’est évidemment pas étranger au fait que la bourgeoisie, à travers les médias (donc à travers l’idéologie dominante), ne peut s’arrêter d’affirmer que les classes sociales n’existent plus, que c’est un concept tout droit sorti du 19e siècle, qu’une classe moyenne s’est formé et qu’elle englobe à peu près tout le monde. Donc selon nos médias bourgeois, tout le monde vie décemment au Québec, personne n’est dans le besoin, il n’y a que très peu de très riches et très peu des très pauvres, presque tout le monde est dans la moyenne, bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes! Or, cette idéologie masque de rapports sociaux de classe toujours aussi conflictuels qu’au 19e siècle, seulement qu’en ce moment la lutte n’est pas très explosive, elle est latente.
Si une prolétaire s’identifie plus à la classe moyenne parce qu’elle a eu niveau de vie décent (niveau de vie, nul besoin de le rappeler, acquis grâce aux luttes antérieures du mouvement ouvrier), il est évident qu’elle ne saura pas en mesure d’apprécier convenablement son statut de classe et le fait que sa classe a des intérêts antagonistes à celle de son patrons. Aujourd’hui, c’est malheureusement la situation de la plupart des travailleurs et des travailleuses.
Bref en ce moment, le prolétariat n’existe pas politiquement, c’est-à-dire qu’il existe bien sociologiquement, mais la classe sociale qu’il forme n’a pas conscience d’elle-même comme force qui doit lutter politiquement pour s’émanciper. Cette situation fâcheuse doit faire en sorte que les quelques prolétaires conscients, en d’autres mots les communistes, se posent certaines questions sur leur pratique politique actuelle. Une unification des communistes dans le but de créer une organisation politique de masse serait-elle une bonne solution pour sortir le mouvement ouvrier de son état actuel?
Unification artificielle des communistes ou processus d’unification des communistes sur la base d’un nouveau programme communiste vraiment révolutionnaire adapté à la situation actuelle?
L’idée de base que nous avions en mettant sur pied le cercle de lecture, c’est d’essayer de faire quelque chose pour sortir le mouvement ouvrier de son marasme actuel. Peut-être cela va marcher, peut-être cela ne donnera rien. Nous verrons bien. Seulement, nous pensons que la réussite d’un processus d’unification des communistes passe avant tout par le débat dans le cercle de lecture entre les différentes tendances du mouvement ouvrier. Ces tendances doivent absolument mettre de côté leurs habitudes sectaires et dogmatiques afin d’écouter ce que les autres ont à dire, discutez les arguments et peut-être les réfuter.
L’unification des communistes ne passe en aucun cas par l’hégémonie d’une tendance ou par une unification artificielle sur des bases fragiles qui enfantera une organisation qui implosera après quelque temps seulement. L’unification des communistes passe par la discussion, qui sera certainement vive et polémique, mais qui est le seul gage d’une unification des communistes révolutionnaires dans le but de créer l’organisation de masse des travailleurs et des travailleuses, organisation qui, jour après jour, devient de plus en plus nécessaire dans les luttes ouvrières quotidiennes. Nous devons absolument rompre avec les habitudes sectaires et dogmatiques des courants se réclamant du communisme. Ces courants, en essayant de préserver la pureté de leur dogme, n’ont réussi, en tout cas au Québec, qu’à se couper réellement des masses. La discussion entre les courants pourrait permettre de ressembler les forces révolutionnaires du Québec pour ensuite être en mesure de construire une organisation de masse.
Antoine Forcier
Texte «L'unité est-elle possible»
Le document suivant est davantage un texte qui ouvre des pistes de réflexion qu’un texte qui prend explicitement position. Bonne lecture et bonne réflexion.
Quelle forme d’unité possible?
Il n’y a pas une seule manière de comprendre le mot unité parce qu’il existe plusieurs formes d’unité. Une personne peut vouloir dire par « unité des communistes » qu’elle souhaite réunir tous les communistes dans une seule organisation tandis qu’une autre pense davantage l’unité sous la forme d’un front de plusieurs organisations communistes qui se coalisent de temps en temps sur des objectifs précis. Autrement dit, une formule d’unité qui se résumerait à : « marcher séparément, frapper ensemble ». Dans les deux cas, l’unité est différente et nécessite des conditions préalables différentes pour que l’unité ne repose pas sur des fondations de sable.
Unité des communistes dans une seule organisation
Pour qu’une organisation ne repose pas ses fondations sur du sable, il faut qu’elle ait un programme, une pratique politique et applique un centralisme démocratique dans l’organisation. Clarifions immédiatement la signification du centralisme démocratique : liberté totale de discussion à l’intérieur de l’organisation, application des décisions de la majorité à l’extérieur et unité totale dans l’action. En d’autres termes, liberté de débat à l’interne et discipline à l’externe.
Le programme communiste
On peut dire que le programme communiste est la synthèse des expériences et des acquis du mouvement ouvrier. Le programme formule aussi les buts et objectifs des travailleurs dans leur lutte contre le capitalisme. Enfin, le programme est l’expression des idées d’une organisation. Un programme n’est pas nécessairement écrit, il peut être un ensemble de références que chaque membre possède de façon assez homogène. À l’heure actuelle, chaque tendance communiste a un programme. En d’autres termes, chaque tendance a un ensemble total de références qui se distingue. Dans le cadre d’une réflexion sur l’unité, la question qu’on doit se poser est de savoir s’il est possible ou non d’unifier ses différentes tendances à travers un programme commun. Si l’unité de tous les communistes n’est pas possible, est-ce que l’unité d’une partie des communistes est possible? Et enfin, est-ce que l’unité de toutes les tendances est souhaitable?
La pratique politique
La pratique politique est un autre aspect très important dans une organisation communiste. La pratique politique est souvent sous-estimée comme facteur de cohésion interne. Il est bien beau d’avoir un programme communiste sans faille, mais si la pratique politique ne colle pas au programme, le programme va rester un « vœu pieux ». Par pratique politique, j’entends l’ensemble des activités qu’une organisation se fixe pour faire progresser le mouvement ouvrier vers le socialisme. Par exemple, la distribution d’un journal sur une base mensuelle et régulière dans les quartiers populaires est une facette de la pratique politique. Dans certains cas, une partie des communistes peut penser - à tort ou à raison - que la pratique politique des autres communistes est incompatible ou contradictoire avec le programme communiste et vice-versa. Voilà un autre aspect à tenir en compte dans notre réflexion sur l’unité.
« Marcher séparément, frapper ensemble »
L’unité entre communistes peut passer par un autre chemin, c’est-à-dire par une collaboration de plusieurs organisations sur des campagnes précises et des objectifs précis. Par exemple, des communistes de tendances différentes pourraient s’unir à l’intérieur des syndicats sur une plate-forme commune de construction de syndicat de lutte de classe, de démocratisation des syndicats, de lutte contre la bureaucratie, etc. L’important dans ce genre de front est de conserver son autonomie et sa liberté de critique en tant qu’organisation. Il ne faut pas devenir une organisation à la remorque des autres organisations, et ce, même si elles sont communistes.
Un texte du groupe «Communistes Internationalistes de Montréal (CIM)»
Pour les marxistes il n’y a pas plusieurs unités possibles, il y en a qu’une seule qui est basée sur les principes suivants:
Reconnaissance de l’internationalisme
Être internationaliste, un des aspects du communisme, c’est l’abolition des frontières, c’est reconnaître que « les prolétaires n’ont pas de patrie ».
C’est aussi lutter contre tous les mouvements visant à créer de nouveaux pays capitalistes, que ce soit capitaliste privé ou capitaliste d’état comme le Népal ou Cuba.
L’internationalisme ce n’est pas d’appuyer les luttes nationales partout dans le monde parce qu’elles s’opposent à un impérialisme.
Toutes les idéologies nationalistes, d’«indépendance nationale», de «droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», quel que soit leur prétexte, ethnique, historique, religieux, etc., sont une véritable drogue pour les ouvriers. Elles visent à leur faire prendre parti pour une fraction ou une autre de la bourgeoisie, elles les mènent à se dresser les uns contre les autres, cela pouvant aller jusqu’à la guerre.
Reconnaissance de la dictature internationale du prolétariat
L’état bourgeois doit être détruit, il ne peut être réformé. Il doit être remplacé par un état prolétarien basé sur le pouvoir international des conseils ouvriers, regroupant l’ensemble du prolétariat. Le stalinisme russe ou le maoïsme chinois furent des régimes sanglants n’ayant rien à voir avec la dictature du prolétariat, c’étaient des dictatures bourgeoises.
Par contre la révolution d’Octobre 1917 en Russie fut le premier pas d’une authentique révolution communiste mondiale dans une vague révolutionnaire internationale qui mit fin à la guerre impérialiste et se prolongea plusieurs années. L’échec de cette vague révolutionnaire, en particulier en Allemagne en 1919-23, condamna la révolution en Russie à l’isolement et à une rapide dégénérescence. Le stalinisme mis en place dans les années 20 et après ne fut pas le communisme mais un capitalisme d’État centralement planifié comportant la doctrine du « socialisme dans un seul pays » que les marxistes rejettent.
«La révolution russe n'est qu'un détachement de l'armée socialiste mondiale, et le succès et le triomphe de la révolution que nous avons accomplie dépendent de l'action de cette armée. C'est un fait que personne parmi nous n'oublie (...). Le prolétariat russe a conscience de son isolement révolutionnaire, et il voit clairement que sa victoire a pour condition indispensable et prémisse fondamentale, l'intervention unie des ouvriers du monde entier. («Rapport à
Rejet de la collaboration de classes
Nous rejetons les tactiques de « front uni », de «fronts populaires » et « anti-fascistes ». Toutes ces tactiques mélangent les intérêts du prolétariat à ceux de fractions de la bourgeoisie quelles qu’elles soient et ne servent finalement qu’à détourner la classe ouvrière de ses objectifs révolutionnaires.
Le parti internationaliste et international à créer
Ce sera une organisation politique révolutionnaire des prolétaires ayant une conscience de classe et leur union dans un parti politique international. Le rôle de ce parti ne sera pas de prendre le pouvoir au nom de la classe ouvrière mais de participer à l’unification de ses luttes ainsi qu’à leurs contrôles par les ouvriers eux-mêmes, et à la diffusion du programme communiste. Seule la classe ouvrière dans sa totalité, à travers ses propres organes autonomes (conseils ouvriers), peut instituer le socialisme. Cette tâche ne peut être délégué, même pas au Parti de classe le plus conscient. Outre l’isolement de la révolution qui est la cause principale de son échec, l’adéquation entre le parti bolchevik et l’État a permis à Staline de contrôler à la fois l’état et le parti.
Voilà nos conditions politiques permettant un travail à long terme entre marxistes.
Salutations internationalistes
Les communistes internationalistes de Montréal (CIM)